Deux êtres entiers, l’un face à l’autre

Une sexualité sacrée n’est possible qu’en respectant la totalité de l’homme et de la femme, en intégrant leurs différences et en rendant hommage à la sagesse du corps

 

L’un face à l’autre. Les regards se trouvent, les souffles se fondent.RdF_42

L’un dans l’autre. Un contact plein, qui effleure et envahit, qui calme et qui enivre.

Entrer dans un espace sacré, restant en contact avec son propre ressenti, tout en s’ouvrant à la richesse de l’autre. Un espace-temps de découverte, d’accueil, de totalité.

Totalité dans le don du corps, de l’âme, de l’esprit.

Puis soudain, la magie est perdue. Un mur infranchissable se place, difficile à définir, entre la femme et son utérus. Ne pouvant se connecter à son centre, à la sagesse qui se trouve dans son bassin, elle arrive à la limite du contact possible avec l’autre. Espace sacré, rencontre désirée… occasion perdue. Elle sort d’elle-même, pour retrouver l’homme, dans la linéarité. Le trésor présent dans ses ovaire se tait : peut-être, un jour, son temps viendra…

Que s’est-il donc passé ? Sans contact complet avec elle-même, la femme se trouve dans l’impasse dans son contact avec l’autre. Mais comment l’a-t-elle perdu ?

Entrer en contact avec l’autre, dans un espace sacré, nécessite un plein accès aux capacités de notre esprit, mais aussi de nos corps. A travers la sexualité, nous entrons dans le don de nous-mêmes, passant par les recoins les plus intimes de notre être.

Cependant, la relation sexuelle et la capacité de procréer sont tout aussi intimement liées, et, dans la rencontre avec l’autre sexe, nous devons faire les comptes avec notre désir d’enfanter. Et si ce désir n’est pas, ou les conditions pour mettre au monde un nouvel être ne sont pas favorables, quels choix s’offrent à nous ?

Pour les femmes, la responsabilité de la contraception est à l’ordre du jour, une grande majorité décidant de prendre la pilule ou de poser un stérilet. Mais ces solutions nous permettent-elles de garder un contact total avec nous-mêmes ? Sans celui-ci, quelle union pouvons-nous avoir avec l’autre, dans cet espace sacré auquel nous souhaiterions accéder par la sexualité ? Si la femme ne parvient pas à avoir un contact entier avec corps, que ce soit pour des raisons de barrières hormonales, physiques, ou de ressenti et de perception, la rencontre avec l’autre, face à soi, est plus difficile. Voyons plus en détail où nous mènent ces premières solutions contraceptives…

La femme vibre, en mouvement constant, par les fluctuations des ses hormones. Fine horloge biologique, indiquant les temps et les rythmes de sa vie quotidienne. Ces messagères influencent également son contact avec l’homme : son désir, sa réceptivité et sa manière de les exprimer sont ainsi cycliques. La pilule contraceptive met en pause les ovaires, gardiennes de notre trésor, héritage de la lignée maternelle, et réduit en une fine couche permanente le revêtement de notre utérus, qui perd sa respiration naturelle, ne prépare plus le nid douillet et ne se régénère plus tous les mois. Quant au col de l’utérus, fleur qui s’ouvre et se ferme naturellement, faisant le lien entre l’intérieur et l’extérieur de notre intimité, il s’immobilise, restant fermé, scellé par un élixir cervical toujours épais et collant.

Les hormones de synthèse mettent à taire les messagères précieuses, et la femme perd le contact avec sa cyclicité, avec ses organes reproductifs, avec son centre même. Dans ces conditions, quelle rencontre peut-elle avoir avec l’homme ? Quelle sexualité, pour sacrée qu’en soit l’intention ?

Le stérilet, quant à lui, se loge dans le centre même de la femme, son utérus. Il indique en permanence sa présence à ce muscle puissant, lui intimant de se plier à ses désirs. La muqueuse, irritée par les bras présomptueux de cet instrument lui empêchant de s’expanser, s’inflamme. Le col de l’utérus est blessé par l’intrus, se tait. Et la femme aussi, peut en être meurtrie dans sa qualité d’accueil, ses entrailles se voyant forcées de rejeter la vie créée, le fruit de l’amour sacré, célébré.

Lorsque la responsabilité de la contraception est plutôt portée par l’homme, il se retrouve également devant deux choix : un préservatif, barrière souvent utile mais pouvant s’entreposer entre deux chairs, posant une limite à la fusion et transcendance totale des corps, ou le retrait, marche arrière pouvant être douloureuse, ou perçue comme une séparation cruelle au point culminant de la rencontre.

Pourtant des solutions doivent bien exister pour venir à bout de ce dilemme. La pleine responsabilité de l’homme et de la femme peut être présente lors de leur rencontre sacrée. Par la connaissance des mystères de son organisme, la femme peut apprendre à se respecter, et l’homme à la suivre dans sa danse. Sans annuler les fluctuations biologiques, il est possible de s’adapter à la richesse et à la diversité que chaque moment apporte. J’ai rencontré la méthode symptothermique et c’est devenu pour moi l’un des moyens pour y arriver en toute sécurité.

Cette méthode ouvre une fenêtre sur la cyclicité féminine, et tant l’homme que la femme peuvent observer le paysage dévoilé. Dans mon expérience, elle permet une entente, une complicité partagée sur cette sphère intime, devenant un véritable « thermomètre » du couple, et ne nécessite, comme outil, justement que d’un thermomètre et d’une dose de conscience. J’ai appris à m’écouter, me respecter et l’homme à comprendre les changements qui s’opèrent en moi. Les retrouvailles sont devenues plus simples, sans peur, et dans la pleine écoute de mon corps.

Pour la beauté de deux corps et deux esprits entiers, unis par un respect et un accueil partagé de tout leur être.

L’article entier a été publié sur la revue Reve de femmes, printemps 2016. Pour découvrir la revue et son dernier dossier sur la sexualité sacrée, RDV ici.

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